On croise le chemin d’Ulysse Rabaté depuis des années. Il porte à chaque fois un costume différent. Un militant engagé à Corbeil-Essonnes pour faire tomber le système Dassault ; un candidat aux législatives contre Manuel Valls ; un président d’association qui forme de nouveaux profils dans le champ politique ; un enseignant en sciences politiques à l’université Paris-VIII. Le trentenaire a mélangé tous ses costumes pour en faire un livre : Politique, beurk, beurk (éditions du Croquant). Ulysse Rabaté partage son regard sur le rapport entre la gauche et les quartiers populaires. Le constat est mitigé. D’abord, des déceptions, des coups et des ruptures. Ensuite, des nouvelles formes d’engagements, et une jeunesse qui s’approprie la politique à sa manière.
Dans le sous-titre de votre livre, il y a écrit : les Quartiers populaires et la gauche. Conflits, esquives, transmissions. Après lecture, on se dit qu’il manque peut-être un mot : «incompréhensions».
C’est justement une erreur de la gauche de penser qu’on fait face à un malentendu. «L’incompréhension», c’est souvent un camp, celui des dominants, qui pour tout un tas de raisons, fait semblant de ne pas comprendre. Les mots de «conflits et d’esquives», je les préfère parce qu’ils ont une connotation active. Ce que j’essaye de montrer, c’est que la gauche a produit plus ou moins délibérément un ensemble de violences à l’égard des habitants des quartiers, surtout lorsqu’ils exprimaient des velléi