La maire socialiste de Lille, qui fut ministre, candidate à la primaire citoyenne de 2011 remportée par François Hollande, et première secrétaire du PS, était proche de l’économiste qui s’est toujours revendiqué de gauche.
«C’est une immense peine pour moi. Daniel était une personne rare, un ami pour lequel j’avais admiration et affection. C’était bien sûr un économiste brillant, qui avait modernisé la pensée post-keynésienne et avait toujours intégré l’homme et la société dans sa vision. Il avait une intelligence fulgurante, étant capable d’avoir une pensée claire sur la dette souveraine, comme sur le revenu universel ! On en a parlé comme chef de file de la nouvelle économie à la française : il a convaincu nombre d’étudiants ou de chercheurs à avoir le goût de l’économie. Il adorait transmettre et enseigner.
«Il aimait la confrontation d’idées. Dans les années 90, nous nous sommes retrouvés avec un groupe d’intellectuels, de sociologues, d’historiens, de juristes, de philosophes… une fois par mois dans le bureau de Michel Wieviorka à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. C’était un temps de confrontation des idées et de recherche d’une vision et d’un projet pour la société. C’était un homme engagé, il partageait les valeurs de la gauche, tant dans sa pensée d’économiste que dans ses convictions personnelles. Il intervenait souvent dans le débat public avec une grande capacité pédagogique pour expliquer des situations complexes et ouvrir des voies de solution. Et Daniel, c’était aussi un homme d’une grande simplicité et doté d’un puissant sens de l’humour, d’une gentillesse sans bornes. Nous pourrions relire Richesse du monde, pauvretés des nations (1) ou son dernier livre Homo numericus. La “civilisation” qui vient (2). Il continuera à nous éclairer.»
(1) Flammarion, 1997.
(2) Albin Michel, 2022.