D’un côté, il y eut de l’eau et du feu. Des vies noyées, d’autres qui partent en fumée. L’urgence extrême. De l’autre, il y eut des vagues numériques. La vague numérique a ceci de particulier qu’elle mène, le plus souvent, nulle part. Des flots de vide destinés à soulever l’indignation pour la faire retomber quelques millionièmes de millimètres plus loin, soit… exactement au même endroit. L’indignation, perçue non plus comme un préalable mais comme une fin en soi. Je m’indigne, donc je suis.
Par exemple, cet été, il fallait, de toute urgence, se prononcer pour ou contre la Première ministre Finlandaise, Sanna Marin. En effet, la jeune femme s’était filmée avec ses amies en train de danser et la vidéo avait fuité. Drame. «Elle a bien le droit de danser !» tweetaient certains. «C’est une attitude scandaleuse !» instagrammaient d’autres. «Je te soutiens à fond Sanna !» tiktokaient d’autres encore. Partout dans le monde, on twerkait à s’en démonter le bassin pour affirmer, haut et fort, qu’on n’avait pas peur de se rebeller contre la bien-pensance. Ah ça, non ! On était super vénère. Le ruisseau numérique devenait rivière, puis océan, puis tsunami. On accusait la Première ministre d’être droguée. A tel point que Sanna Marin dut organiser une conférence de presse