Menu
Libération
Profil

Vandana Shiva, gardienne de la Terre

Article réservé aux abonnés
A 71 ans, l’activiste écoféministe indienne a été le fer de lance de grandes luttes écologistes, tout en affinant une pensée critique qui insiste sur une urgence absolue : il faut arrêter de faire de la Nature notre ennemie.
Vandana Shiva, à Paris, en 2019. (Marie Rouge/Libération)
publié le 24 novembre 2023 à 15h34

Il y a d’abord l’imposant bindi, la marque rouge que portent beaucoup de femmes hindoues entre les deux yeux. Puis le sari, le tissu coloré dont elle est systématiquement drapée. Enfin, une série de punchlines bien senties, trempées à la fois dans la sagesse vernaculaire et dans une critique ciselée du système industriel occidental, «patriarcal», «colonial» et «extractiviste». Voilà les atouts de Vandana Shiva, activiste écoféministe indienne et grande voix de l’écologie, entendue depuis des décennies déjà au milieu de manifestations pacifiques au fond des forêts indiennes comme au sommet des montagnes de Davos, à la tribune de grands sommets mondiaux.

Elle sera dans quelques jours l’invitée officielle de la COP 28 aux Emirats arabes unis, convaincue par les émirs qui lui ont déjà demandé de dispenser des cours d’agroécologie à leur gouvernement. Si le sari et le bindi n’ont guère changé, lire son autobiographie militante et intellectuelle publiée à l’occasion de son soixante-onzième anniversaire, Mémoires terrestres (Wildproject et Rue de l’Echiquier, 2023), permet de mesurer comment cinquante ans de luttes écologistes ont affûté sa pensée emblématique.

Quand on lui demande ce qui distingue l’écologie occidentale de celle des pays du Sud, Vandana Shiva affiche un sourire presque compatissant : «Avant d’étendre son empire colonial à travers le monde, l’Occident s’est auto-colonisé, et a fait disparaîtr