Vandana Shiva a été invitée aux premières COP, a participé aux négociations des COP de la biodiversité, a été entendue au Forum économique mondial de Davos : ces années à arpenter les instances internationales lui permettent aujourd’hui d’affirmer que les COP ont été dévoyées de leurs ambitions initiales, mais restent une arène essentielle pour élaborer des lois contraignantes de protection de l’environnement.
Croyez-vous encore dans les COP pour faire face à la crise environnementale ?
Nous avons un besoin urgent de deux choses : d’abord, un système international qui aille au-delà des Etats-nations, parce qu’il y a trop d’Etats voyous ; ensuite, des lois contraignantes qui forcent tous les Etats à se conformer aux décisions qui y seront prises. C’est l’ambition initiale des COP. Mais la répartition du pouvoir dans cette instance a évolué. Les premières COP étaient dirigées par les chefs d’Etats ; elles le sont aujourd’hui par les milliardaires, dans le sens où des personnes comme Bill Gates sont de plus en plus présentes, invitées à partager leur avis en marge des négociations, orientant le débat public.
Ces milliardaires qui n’ont jamais été élus sont la plus grande menace contre la démocratie à l’heure actuelle. Sous leur influence, les objectifs des COP ont changé : non seulement, on a abandonné l’ambition de créer des traités contraignants, et d’empêcher les pollueurs de polluer, mais en plus les COP sont utilisées par les pollueurs pour créer de nouveaux marchés. P