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TRIBUNE

Vers un nouveau modèle de «bonne mort» ?

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En redonnant au patient un droit à choisir sa mort, le projet de loi actuel pourrait lever un tabou à l’histoire longue. Signe que notre époque ne cherche plus à la refouler, mais à la contrôler.
Le service de soins palliatifs de l'hôpital de Saint-Malo, en 2013. (Fabrice Picard/Libération)
par Stéphanie Sauvaget, Historienne à l'université de Tours
publié le 5 octobre 2023 à 13h32

La thèse qui a le plus circulé depuis les années 60-70 est celle du tabou de la mort que l’historien Philippe Ariès voyait à l’œuvre dans les sociétés contemporaines depuis au moins la fin de la Première Guerre mondiale : le futur projet de loi sur la fin de vie va-t-il définitivement la reléguer aux oubliettes de l’histoire ?

Le projet de loi pourrait enfin enfoncer un coin dans cette thèse en proposant de redonner au mourant une place centrale, un droit à choisir sa mort. Certes, il existe déjà un arsenal législatif qui donne des marges de manœuvre aux mourants à l’hôpital depuis la loi du 9 juin 1999, qui permet à toute personne malade de pouvoir bénéficier de soins palliatifs jusqu’à la loi Claeys-Leonetti du 2 février 2016.

Celle-ci a créé un droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès pour une personne souffrant d’une affection grave et incurable, dont le pronostic vital est engagé à court terme et subissant une souffrance réfractaire aux traitements.

Le problème est que tout le monde n’a pas accès aux soins palliatifs ni à cette sédation. Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE),