Gabriel Attal, et Emmanuel Macron qui parle à travers lui, s’adresse à un «électorat plutôt âgé» et «déboussolé par la modernité», analyse le professeur de science politique à l’université Côte-d’Azur et à l’Ecole polytechnique au lendemain du discours prononcé par le nouveau chef du gouvernement. Selon Vincent Martigny, auteur du Retour du prince (Flammarion, 2019), il y a dans le macronisme une conception du progrès «datée», «nostalgique», qui cherche à capter les classes moyennes supérieures, conservatrices mais pas réfractaires au libéralisme et qui pourraient basculer chez Marine Le Pen en 2027.
Que retenez-vous du discours de politique générale de Gabriel Attal ?
Sur la forme, du point de vue de l’exercice, c’est plutôt une réussite. L’enjeu pour Gabriel Attal était pluriel : il devait ressouder la majorité ébranlée par la loi immigration, redonner une dynamique au macronisme sur le dépassement des clivages, l’optimisme et le volontarisme, marquer sa différence à l’égard des oppositions à l’extrême droite et à gauche, tout en imposant son style sans contredire le Président. Avec sa façon de parler à toute vitesse, avec une forme d’autorité voire d’autoritarisme un peu cash («tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies»), et malgré les chahuts de l’opposition, il a rempli ses objectifs.
Et sur le fond ?
Le discours porte des valeurs qui fleurent bon les Trente Glorieuses : un appel vibrant à la nation, l’apolog