Vlad Troitskyi, 57 ans, a créé son propre théâtre, Dakh, à Kyiv (Kiev), il y a vingt-huit ans, dans un appartement. Metteur en scène, responsable d’un festival interdisciplinaire, il est une figure marquante et enthousiasmante de la scène ukrainienne. Il vit dans une bourgade de la banlieue de Kyiv. Libération lui a proposé de nous envoyer des messages au jour le jour. Il ne les a pas relus, on ne les a pas retouchés. Il nous semble important de garder une trace de ce qui est par essence fugitif : l’optimisme soudain, en dépit de tout, le désespoir qui s’abat, l’angoisse, l’incompréhension totale, puis de nouveau un filet de lumière. Dans ce journal, on le voit radicaliser ses positions, utiliser le mot «génocide», par exemple. Le traducteur du russe Alexis Berelowitch a relu pour nous ces textes qui nous sont parvenus en russe. En russe ? Il n’y a même pas une semaine, il ne nous semblait pas incongru de demander à un Ukrainien en pleine guerre de s’exprimer dans une langue si proche, devenue en une poignée de jours celle de l’ennemi.
Journal d'un artiste ukrainien
Vlad Troitskyi: «Ma ligne de front est ici, vous raconter le plus possible ce qui se passe en Ukraine»
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Après une coupure d’eau survenue à Kyiv, des Ukrainiens font la queue pour se ravitailler, le 24 février. (Emilio Morenatti/AP)
par Anne Diatkine
publié le 2 mars 2022 à 15h57
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