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Entretien

Youssef Badr, magistrat : «C’est parce que tu sais ce que représente la somme de 20 euros que tu feras un bon juge»

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Le magistrat, ancien porte-parole de la chancellerie et fils d’immigrés marocains pauvres, publie début septembre un plaidoyer pour l’égalité des chances dans le système scolaire. Seul moyen, selon lui, d’installer une relation de confiance entre les citoyens et la justice.
Youssef Badr, le 7 août à Montreuil. (Cha Gonzalez/Libération)
publié aujourd'hui à 16h22

Ça remonte à presque vingt ans. Et pourtant, Youssef Badr est le dernier étudiant de la fac de Villetaneuse (Université Sorbonne Paris-Nord) à avoir réussi le concours d’entrée à l’Ecole nationale de la magistrature (ENM), en 2007. Il était alors l’un des premiers fils d’immigrés marocains pauvres, père ouvrier et mère femme de ménage, à passer les portes de l’école qui forme les juges.

Depuis, quelques autres l’ont rejoint, mais les juges issus de milieux populaires restent une trop rare exception. Dans son livre, Pour une justice aux 1 000 visages. Le mythe français de l’égalité des chances (éditions de l’Aube) écrit sur une suggestion de l’ex-secrétaire général de la CFDT Laurent Berger qui dirige une collection, il remercie les nombreuses «bonnes fées» qui l’ont aidé à sauter des barrières autrement «infranchissables» pour les étudiants qui ne sont pas nés dans des familles dotées de forts capitaux financiers et culturels.

Les nombreux chiffres qu’il donne parlent d’eux-mêmes. Les sociologues Laurent Willemez et Yoann Demoli montraient, en 2019, que deux tiers des entrants à l’ENM ont un père cadre (69 %). Un quart seulement a un père issu des professions intermédiaires (13,7 %) ou employé ou ouvrier (12,4 %). Dans