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Interview

Yves Citton : «Nous entrons dans une période de conflits radicalisés et inédits»

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Crise écologique et sanitaire, sentiment d’injustice : pour déjouer ces défis du présent, le professeur de littérature et médias propose de tourner le dos aux classiques logiques guerrières et à la désignation d’ennemis. Oui, il faut se situer dans les affrontements, mais surtout il faut comprendre les interdépendances entre les uns et les autres et «faire avec».
Affrontements à Atlanta entre militants antiracistes et milices suprémacistes, lors d'une manifestation en août 2020. (Logan Cyrus/AFP)
publié le 19 mars 2021 à 19h32
(mis à jour le 22 mars 2021 à 11h44)

Lutter sans fin contre un virus, déplorer la crise sociale et économique en cours, s’empailler sur des polémiques idéologiques à visées électorales : dans son dernier essai Faire avec. Conflits, coalitions, contagions (1), l’essayiste Yves Citton pose la question qui nous sortirait de ces multiples impasses. Comment nous battre contre ce qui nous détruit en cessant de nous battre entre nous ? Le défi du présent est bien celui-ci : «Faire face à la casse sociale» et à la «casse de nos milieux de vie», dit-il. Affronter aussi les prochains conflits, toujours plus nombreux. Mettant au feu «l’ancienne politique polémique», le professeur de littérature et médias à l’université Paris-VIII hybride les réponses, convoque écrivains, philosophes de la nature ou des minorités, pour emprunter le chemin inverse des logiques guerrières actuelles. Au lieu de designer constamment des ennemis, ne serait-il pas plus judicieux d’apprendre à «faire avec» comme l’annonce le titre de son essai ? Dans la nature, il s’agirait de vivre avec le moustique ou la mauvaise herbe au lieu de tant vouloir les éradiquer. Face au vivant et à ses fragilités multiples, Yves Citton prône l’humilité et un soupçon de sagesse. «Faire avec ce qu’on a sous la main, selon l’attitude du bricoleur plutôt que de l’ingénieur.» Utopie supplémentaire ou nouvel horizon politique ?

Il y a un an, on rêvait d’un monde d’après. Ce qui se profile semble ressembler furieusement à ce que