Menu
Libération
Critique

Twin Peaks, sept ans de réflexion

Article réservé aux abonnés
«Twin Peaks», série de David Lynch, pour la première fois en version originale.
publié le 24 octobre 1997 à 10h35

D'abord un youkoukou d'honneur pour Série Club, qui a décidé de reprogrammer Twin Peaks. D'une part, parce que c'est la première fois que le feuilleton de David Lynch est accessible en version originale. D'autre part, parce qu'on peut tester en grandeur réelle une question métaphysique de première bourre: y a-t-il une vie après le culte? Il faut en effet se remémorer que lors de la naissance de Twin Peaks (en 1990 aux USA, au printemps 1991 en France, sur la défunte 5), une grosse frénésie s'empara de ses spectateurs, immédiatement taraudés par son intrigue de fond: qui a tué Laura Palmer? Une drogue d'autant plus dure et angoissante que, bien entendu, 52 épisodes plus tard, autant dire 52 cigarettes qui font rire après, on aura compris que l'identité du meurtrier était tout à fait accessoire. La Twin-Peaks-mania n'avait donc rien à voir avec la nostalgie d'un genre (le polar à résolution) ni surtout avec un quelconque emballement «second degré distancié» du genre: «Je t'assure Dallas, ce sont les Atrides!»

Bizarre et angoissant

Pour qualifier Twin Peaks, les deux mêmes épithètes revenaient en boucle: «bizarre» et «angoissant». Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'après sept ans de réflexion, sauf à disposer d'un dictionnaire des synonymes particulièrement performant, on ne sort guère de ce lexique. Ce qui semblerait indiquer que la chose est increvable. En précisant que cette intemporalité était déjà à l'oeuvre en 1990. A la revoyure, ce qui frappe le plus en effet, c'est tout autant le caract