Rares sont les films à aborder la question de l'avortement, surtout en 1935. Il faut donc rendre grâce au réalisateur suédois Gustaf Edgren, même si son point de vue n'est pas le plus progressiste qui soit. Drame conjugal et familial hanté par la question de la natalité, la Nuit de la Saint-Jean raconte l'histoire de Lena (Ingrid Bergman, 20 ans tout juste), jeune femme gauche et pure, secrètement éprise de son patron, Johan. De l'autre côté du spectre, voici l'épouse, Clary. Celle-ci ne veut pas d'enfants, au grand désespoir de son mari, et se heurte à des discours culpabilisants sur l'art d'enfanter, qui n'auront finalement aucune prise sur elle, puisqu'elle ira avorter en douce (naturellement, cela finira mal). De faux-semblants en chantages, d'adultère en mystères, le drame se noue en une nuit, celle du 30 avril 1934. Contrairement à ce que le titre français du film laisse entendre, ce n'est pas celle de la Saint-Jean, mais de Walpurgis, fête païenne du nord de l'Europe où, dit-on, les sorcières sont de sortie… Une nuit particulièrement intense, dont on retiendra une chose, au petit matin : l'incandescence du visage d'Ingrid Bergman.
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