On l'attendait, ce nouvel épisode des aventures de Lara Croft. Trop ? Oui, peut-être. Mais cette attente, c'est précieux. Et ça faisait un bail qu'on l'avait perdue. Tout au mieux ressentions-nous une curiosité un poil défiante à l'annonce d'un nouveau Tomb Raider. C'est le reboot de 2013 qui, en reprenant tout à zéro et en s'inspirant de ce qui s'était fait de mieux dans le genre (Uncharted surtout), a rallumé la flamme. C'est donc avec une absence totale d'esprit critique que nous avons retrouvé l'héroïne dans les montagnes de Sibérie. Les paysages, le vent, la neige, tout est magnifié par la puissance de cette génération de console. Et les gros plans sur le visage de Lara, animé à la perfection, ne font que renforcer cette impression de jamais vu. C'est beau, c'est grandiose, et les premières minutes confirment le savoir-faire du studio Crystal Dynamics en termes de mise en scène épique.
Rise of the Tomb Raider raconte la première vraie quête de Lara Croft, qui décide de marcher dans les pas de son défunt père pour trouver la Source de vie. D'autres, bien sûr, sont aussi sur le coup, mais avec des objectifs moins louables - enfin, on suppose, puisqu'on ne connaît pas ceux de Lara : les Trinitéens, secte religieuse et militaire, veulent asservir l'humanité. Voilà, voilà. Le prétexte narratif est certes un peu faiblard, mais il faut bien mettre des obstacles sur la route de Lara, alors bon, tant qu'à faire… Cet épisode reprend les mécaniques du précédent : unité de lieu et de temps (la montagne, l'hiver), cabrioles acrobatiques entrecoupées de fusillades et de castagnes, récupération de matières premières en vue d'améliorer son équipement et tombeaux à explorer en résolvant de retorses énigmes. L'aventure nous conduit de cimes inhospitalières à une sorte de Shangri-La sibérien défendu par une population foncièrement bonne.
C'est à ce moment-là, au bout d'une bonne dizaine d'heures de jeu, que nos œillères sont tombées. Grisé par nos espérances, on ne s'est pas rendu compte qu'on avait fini par s'ennuyer. Eliminer les ennemis discrètement était devenu une routine et les phases de shoot brutales une punition. Rise of… n'est pas un mauvais jeu, loin de là, mais il réussit la performance notable de transformer l'innovation rafraîchissante de l'épisode précédent en conformisme ludique.
Alors oui, d'accord, on va la protéger, cette vallée, on va les dézinguer, ces drones ennemis, on va la trouver, cette Source de vie, mais à chaque fois avec cette désagréable amertume provoquée par l'attente déçue. Rise of the Tomb Raider n'aurait pas seulement dû être meilleur, il aurait dû être différent. Triste désillusion.