«Il est mort le soleil et je suis la seule à porter le deuil», chantait Nicoletta d'une voix brisée en 1968. Mais elle n'est pas si seule. Pour l'artiste suisse Beni Bischof, l'astre est aussi cramé. «Je crois encore aux jolis couchers de soleil, nous confie-t-il. Mais j'admets que c'est de plus en plus difficile.» Iconoclaste, il s'est saisi d'un chalumeau et a brûlé le papier peint collé sur une planche de bois. L'image paradisiaque typique des dépliants touristiques et des fonds d'écran est carbonisée et trouée en plein cœur. Cette pièce a été montrée à la Kunst Halle de Saint-Gall (Sankt Gallen en allemand) en 2010 et s'intitule Coucher de soleil extrêmement romantique. Un peu punk et hargneux, Beni Bischof s'en prend aux images pour les sublimer. Il est connu pour ses détournements : il ajoute des saucisses aux publicités de marques de luxe, il transperce avec ses doigts les photographies de mode, il dessine les moustaches de Hitler sur des photos débiles de chats, il lacère les couvertures de magazines comme Vogue et fourre des mitraillettes dans les mains des mannequins de papier glacé. Bad boy autodidacte, il vit près du lac de Constance. «Je suis allergique aux symboles, aux icônes, aux surfaces, aux images naïves ou gentilles. On en voit tellement tout le temps. Mon travail est une forme de commentaire et une façon polémique de jouer avec l'environnement.» Beni Bischof ou l'art de jeter du feu sur le feu.
Plein cadre
Soleil de plomb
«Coucher de soleil extrêmement romantique».
(Photo Beni Bischof)
publié le 25 décembre 2015 à 17h11
Dans la même rubrique