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Libération
Critique

Burton en trompe-l’œil

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Publié le 18/01/2016 à 17h11

Tim Burton dresse un portrait sans relief de Walter Keane, un escroc qui avait usurpé l’identité de sa femme peintre.

Ce qu'en avait pensé Libé à sa sortie «S'il est aisé de voir ce qui, dans la fraude maousse de Walter Keane, a séduit Tim Burton, son inhabituelle retenue dans l'appropriation du sujet en est quasi suspecte au vu de sa pompe habituelle, et l'on regretterait presque d'être, pour une fois, conviés au carnaval. En l'absence de son double et collaborateur le plus fidèle, Johnny Depp, et orphelin de la plasticité de son jeu, Tim Burton laisse Christoph Waltz se livrer à un invraisemblable cabotinage, brossant l'escroc Walter Keane en sinistre pantin mythomane qui compense par ses gesticulations le déficit de talent. Cette nouvelle variation s'inscrit dans la lignée de ses figures de détraqués "bigger than life" qui courent d'Ed Wood, maître du nanar dont il a contribué à la réévaluation, au VRP mythomane de Big Fish, pour qui les affabulations de la fiction étaient préférables à la réalité. Burton renoue avec des obsessions moulinées par une imagination fertile et un sens du macabre pop, et pourtant, cet indolore Big Eyes à l'inventivité visuelle revue à la baisse manque singulièrement de relief.»