Souvent haletant, spectaculaire à souhait, Cartel Land, documentaire américain couvert de prix, ne recule devant aucune outrance pour servir sa narration : images léchées de couchers de soleil, artifices de montage, musique envahissante… En Arizona, un ancien militaire a créé une patrouille privée pour surveiller la frontière. Dans l'Etat mexicain du Michoacán, un médecin met sur pied une milice pour chasser les narcos qui terrorisent la région. Pour le réalisateur, les deux hommes ont un même ennemi, les cartels de la drogue, et parviennent au même constat : l'Etat étant défaillant, si on ne fait la police nous-mêmes, personne ne le fera. Cette vision simpliste se double d'une absence de recul sur les deux personnages, présentés comme des héros. Pourtant, le médecin et ses sbires ne s'embarrassent pas de scrupules et leurs méthodes ne diffèrent guère de celles de leurs ennemis. Quant au justicier de l'Arizona, il ne capture aucun trafiquant, malgré les gros moyens mis en œuvre. Ses proies ne sont qu'une poignée de migrants en haillons, qui semblent être le véritable gibier auquel il s'intéresse. Loin de toute réflexion sur la violence, Cartel Land est un très déplaisant plaidoyer en faveur de l'autodéfense.
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Cartels en tête
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publié le 15 mars 2016 à 18h01
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