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Libération
Critique

Webdoc Tout contre la contre-culture

Une série sur le Net présente, en 14 épisodes, les photos et témoignages de ceux qui ont documenté l’underground des années 60 et 70.
publié le 15 avril 2016 à 18h51

Apartir des années 60, bikers, skateurs, graffeurs, ravers, rockers, Afro-Américains, skinheads sont suivis par quelques photographes. Des potes surtout, qui s'emparent d'un appareil photo, ou des proches, en tout cas, qui trempent dans le même bain, au même âge. La websérie Photos rebelles d'Arte Creative donne la parole à cinq d'entre eux, ainsi immergés dans les contre-cultures. Dans des petits modules de six minutes, on plonge avec Glen E. Friedman, Danny Lyon, Janette Beckman, Henry Chalfant et Gavin Watson dans les images de générations tumultueuses.

Danny Lyon, par exemple, immortalise les bikers alors qu'il n'a que 22 ans, un peu avant la sortie du film Easy Rider : «Ils sont super visuels», et ont «l'air un peu fous. Ils étaient des rebelles. Ils étaient rejetés et donc, libres». Il conclut : «J'étais encore plus fou qu'eux. J'étais moi aussi un biker, mais eux respectaient les limites de vitesse car ils ne voulaient pas s'embrouiller avec les flics.» Danny Lyon sera aussi l'un des premiers à documenter de l'intérieur les débuts de la lutte pour les droits civiques. A New York, dans les années 70, Henry Chalfant est subjugué par les premiers graffitis sur les wagons du métro. Au bout de plusieurs années, identifié comme photographe et non comme flic, il rencontre les graffeurs qui, contre toute attente, ont envie de se faire connaître. «On dit que le graffiti est criminel mais le vrai crime c'est l'abandon de quartiers entiers», déplore le photographe. A partir des années 80, les rames sont nettoyées systématiquement mais certaines continuent à circuler : «Je ne vois qu'une explication, les cheminots les aimaient, voilà tout.»

A Londres, durant les années Thatcher, les têtes rasées envahissent la ville. Gavin Watson photographie son petit frère Neville qui devient la mascotte des skins : «Etre la jeunesse incomprise était un label», s'enorgueillit-il en montrant des photos tendres de gars tondus en bombers et jean 501. Plus tard, il photographie les rave : «Elles nous ont sauvé la vie.»

A 14 ans, Glen E. Friedman a plein de potes skateurs sur la côte Ouest des Etats-Unis. Sa bande s'acharne à trouver des piscines vides pour exercer un nouvel art de la glisse, qui se déclinera ensuite sur des rampes imitant leur forme. Plus tard, il photographiera aussi la scènes punk hardcore et hip-hop avec les Beastie Boys, Public Enemy et Run DMC. Il atteint sa limite avec le groupe South Central Cartel qui pose avec des flingues chargés : «Un flingue, dans une photo, c'est comme un corps nu, ça aspire tout le reste. Tu n'as plus besoin de rien faire, c'est tout simplement de la triche.» A partir de là, Glen E. Friedman arrête. «Je rentrais dans la glamourisation du mouvement et non plus dans sa documentation.»