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Libération
Critique

«The young pope», le pape masqué

publié le 21 octobre 2016 à 19h31

Quel est le rapport entre Salinger, Banksy, les Daft Punk et Pie XIII, le héros torve de The Young Pope interprété avec une certaine maestria par le toujours sémillant Jude Law ? Ils ne veulent pas qu'on voie leur tête, ils veulent rester cachés et que leur emprise grandisse dans le champ paradoxal de l'hyper-notoriété et de l'anonymat absolu. C'est l'une des idées excentriques du jeune pape américain qui vient, à la surprise générale, d'être élu et qui prend à revers le Vatican, son protocole fébrile et la masse indistincte du fan-club catholique mondial qui va subir plusieurs déluges d'homélies glacées. Paolo Sorrentino joue avec l'idée d'un malaise dans la chrétienté dont Pie XIII incarnerait toutes les contradictions : il est à la fois puriste et revanchard, ange et démon, détestant les combines politique et cependant néo-florentin à bague à poison. L'intrigue se déploie en série de scènes longuement dialoguées où le cinéaste pompier (la Grande Bellezza, Youth…) se plaît à épater la galerie avec des décors de palais italiens dont on contemple la majestueuse hauteur sous plafond. On peine à savoir où le cinéaste (et auteur du scénario) veut en venir faute d'avoir été au bout de la série -la chaine n'ayant autorisé à visionner que six des dix épisodes. Il s'agit de déstabiliser le schéma trop simple d'une lutte entre progressistes et réacs en inventant une figure papale travaillant à brouiller les pistes, donc les esprits, pour contester Dieu, l'Eglise ou pour qu'ils en sortent, in fine, glorieusement consolidés. On verra…

The Young Pope

par Paolo Sorrentino, avec Jude Law, Diane Keaton… A partir du 24 octobre sur Canal +.