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«Dr Who» y es-tu ?

Nouvelle docteure, nouveau showrunner… la série de science-fiction revient dans une version séduisante, mais qui néglige (pour l’instant) certains de ses sillons.
Jodie Whittaker, 13e docteur à ce jour depuis le début de la série, en 1963. (Photo BBC Studios)
publié le 30 novembre 2018 à 17h56

En novembre 1963, BBC One diffusait le premier épisode de la série britannique Doctor Who. Plus de 800 épisodes et 37 saisons plus tard (entre doudous old school de 1963 à 1989, et reboot moderne depuis 2005), on retrouve ainsi, dans une nouvelle saison lancée en octobre, Jodie Whittaker qui se distingue comme la première femme à incarner, pour de nouvelles aventures spatiales, cet extraterrestre à forme humaine, voyageur de l'espace -temps, possédant une longévité consolidée par la présence de deux cœurs et la capacité à se régénérer (en changeant d'enveloppe corporelle), élément de récit et modalité scénaristique qui ont permis aux divers créateurs du projet et à ses repreneurs de faire incarner le personnage phare par différents acteurs.

Jodie Whittaker est donc le treizième docteur à ce jour, fraîchement parée à endosser le rôle patrimonial (et essuyer la pluie de remarques sexistes à l'annonce du casting) puis à embarquer dans son traditionnel vaisseau, le Tardis (une police box bien plus grande à l'intérieur), en la compagnie de quelques Terriens, pour (dé)fendre l'univers.

Le scénariste et producteur Chris Chibnall (créateur entre autres du drame policier Broadchurch et plume principale de Torchwood) occupe le siège de showrunner précédemment tenu par Steven Moffat. Il redonne ainsi à cette série (pour laquelle il a déjà auparavant écrit) son atmosphère plus «bon enfant», optimiste, extravagante et lumineuse, une ligne qui se perdait quelque peu dans les dernières saisons saupoudrées (parfois bien aveuglément) de drama et de suspense à n'en plus finir, ainsi que de tortueux rebondissements et sous-intrigues scénaristiques, toutes larmes dehors. Il semble que Chris Chibnall rend, peu à peu, ce bijou télévisé aux familles justement… et moins au premier venu qui voudrait se repaître à tout prix de cliffhangers infinis. Un épisode, une histoire, un aller-retour vers l'espace ou la Terre avec, parfois au menu, une invasion d'araignées géantes (inspiration Saraceno ?), une rencontre avec Rosa Parks ou une visite vers un entrepôt en orbite, sorte d'Amazon intergalactique où robots et humains sont censés travailler main dans la main, mais… Cette nouvelle version manque quelque peu de creuser (pour l'instant) un peu plus profondément ses personnages périphériques et ses intrigues. Mais l'on peut du moins se réjouir de l'expressivité solaire de Whittaker qui arrive à absorber certaines attitudes excentriques inspirées de ses prédécesseurs tout en les transmuant habilement. «Sérieux ! Si j'étais encore un mec, je pourrais me mettre au travail sans perdre mon temps à me défendre», l'entend-on dire à l'un de ses ennemis au détour d'un épisode, comme pour répondre dans un même temps à la misogynie de tous ses détracteurs.