Cela ressemblait à un ensemble de mots clés maudits : série-comique-française-sur l'adulescence. Dire qu'on était méfiant serait un doux euphémisme. Mais Irresponsable se tient avec brio le long d'une ligne de crête. L'humour des corps, maladroits et raides, la simplicité brillante des mots et un sentiment d'urgence parviennent à hisser un scénario qui ailleurs sentirait le naufrage au niveau des plus belles saillies de Judd Apatow. Bien plus que le plaisir coupable auquel se résument souvent les formats courts à vocation humoristique.
Portée par Sébastien Chassagne (recroisé dans le plaisant Doxa) en trentenaire hirsute lové dans un cocon de glande grunge, Irresponsable distille la tristesse peinarde de Julien, gentil bon à rien qui se réfugie chez sa mère, échoue pion dans son ancien lycée où il recroise son amour de jeunesse et fume des pétards avec le fils dont il ne connaissait pas l'existence. Un grand n'importe quoi qui passe avec d'autant plus de naturel qu'il s'ancre dans une tranquille banlieue dortoir et bourgeoise. Créée par Frédéric Rosset, fraîchement sorti de la Fémis où il avait commencé à développer Irresponsable dans la première promo «série télé», elle vient de boucler le tournage de sa troisième et ultime saison. Joie de voir une série comique s'arrêter avant qu'il ne soit trop tard.