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Libération
Critique

Docu / Schwarzenegger, la plastique c’est fantastique

publié le 8 février 2019 à 17h07

Les images étaient irréelles : une star hollywoodienne au corps bigger than life usant de ses phrases les plus célèbres au cinéma pour faire campagne IRL et devenir gouverneur républicain de Californie en 2003. A la même période, Arnold Schwarzenegger, 56 ans, assurait la promotion de Terminator 3, dans lequel son corps vieillissant peinait, pour la première fois, à se confondre avec celui qui le remplaçait depuis toujours par «le reflet qu'il dessinait dans son miroir».

Mais c'était bien le Terminator qui menait campagne, brouillant plus confusément que jamais les limites entre réalité et imaginaire de cinéma. C'est cet exploit inouï de l'Amérique contemporaine qui sert de ligne de fuite au documentaire de Camille Juza et Jérôme Momcilovic, que ce dernier avait déjà raconté dans un livre publié en 2016 (Prodiges d'Arnold Schwarzenegger, chez Capricci). Tout le destin du «Chêne autrichien» y est conté à l'aune du prodige qu'il a été le premier à incarner des deux côtés de l'écran : l'enfance athlétique dans l'Autriche humiliée, l'ascension culturiste dans l'Amérique hippie, l'avènement de l'acteur «avec son propre corps pour costume». Accompagné par une musique impeccablement rétromaniaque de Krikor, lardé de documents passionnants, la Fabrique d'Arnold Schwarzenegger fait mouche jusqu'à l'évocation du vieillissement de la star, machine sénescente rendue en sus obsolète par le numérique : l'image a enterré l'original avant même qu'il ne s'évanouisse.