«Ce "bout du monde" m'a laissé un fort sentiment d'abandon, comme un lieu qui serait condamné à rester tel qu'il est, immobile.» En 2016, Michele Palazzi décide de documenter le Portugal et ouvre le premier chapitre de son projet «Finisterrae» : en latin, «fin de la terre». «Le point de départ de ma recherche visuelle n'est ni le présent ni la crise, mais plutôt l'ancien territoire lusitanien comme un reflet des origines de l'Europe. Les différentes régions que ma série va aborder ont en commun des racines, une histoire, une religion, elles ont au cours des siècles construit une part importante de la culture européenne telle qu'on la connaît aujourd'hui.» Cette série, centrée sur l'Europe méditerranéenne, se poursuivra en Italie puis probablement en Grèce.
Michele Palazzi parcourt le territoire avec une idée en tête : chercher les figures historiques, parmi paysages et personnages. Tel ce sommet, dressé devant un ciel indigo, qui est en réalité la mine de cuivre de São Domingos, ouverte par les Romains et exploitée pendant 400 ans, jusqu'à leur départ. Elle est rouverte en 1859, et emploie jusqu'à 5 000 personnes avant d'être définitivement fermée en 1966. Ou encore ce «forcado», yeux clos, costume traditionnel taché du sang du taureau que lui et sept de ses compagnons ont tenté d'immobiliser à mains nues. «Je cherche à capturer cette atmosphère claustrophobe, à decontextualiser les sujets en les représentant telles des figures cultes, des statues, à créer une forme d'intemporalité en les privant d'action. Les paysages, de leur côté, semblent être les seuls témoins du temps qui passe.» A la limite de la dystopie.