Expédié dans le sud du Japon avec pour mission de croquer la vie de Fukuoka pour une modeste exposition organisée par l’association bordelaise Regard 9, l’auteur de bandes dessinées David Prudhomme atterrit en plein tournoi de sumo et s’éprend des lutteurs. Le projet mute et enfle. Au croquis à vif s’ajoute le dessin de mémoire. Trois cents illustrations émergent, nourries par d’autres voyages et une seconde expo en 2018 au festival Pulp. Collectées et enrichies des textes de Sonia Déchamps, les images de
Sumographie
composent bien plus qu’un carnet de dessins. On y voit un artiste lancé dans une tentative d’épuisement de la forme, explorée dans tous les sens - le toucher, la vue, l’humour… A l’encre de portraits nobles et graves succède le pastel granuleux d’entraînements saisis à la volée. La transparence du feutre sert de chambre d’échos à la brutalité de duels où les corps des lutteurs se confondent avant qu’il ne les fige dans un imagier imaginaire en rhinocéros, en montagnes, en bloc de gelée. D’un sport moqué, de corps gras et gros, du Japon qu’on admire moins volontiers, David Prudhomme tire un continent de dessins.