Chaque nouvelle arrivée sur le jeune service de streaming d'Apple, forgé uniquement autour de productions maison, suscite l'intérêt. Après Servant de M. Night Shyamalan côté épouvante, Apple TV + s'essaie à la sitcom avec Mythic Quest, de Rob McElhenney (It's Always Sunny in Philadelphia). Une comédie sur le quotidien d'un studio de jeu vidéo qui, en plus d'échouer à arracher un sourire, choque par la désinvolture avec laquelle elle s'empare de nombreuses questions qui agitent l'industrie et les recrache dans un relativisme débridé.
On commence par un dilemme entre logique mercantile (l'insertion de microtransactions) et approche artistique, résolus d'une pirouette quand le «créatif» parvient à faire du diktat financier un ressort narratif du jeu. C'est grossier, mais bon… Les premiers hurlements sont plutôt à réserver à la façon dont le département QA (Quality Assurance), en charge de dénicher les bugs, est dépeint comme un coin trop cool où deux employées «qui ont le meilleur job du monde» s'éclatent, jouent sans but précis, et s'offrent une pause ping-pong en plein rush. A des milliers de kilomètres de ce qui peut filtrer du QA des gros studios au gré de divers scandales, où l'on entrevoit plutôt une armée d'intérimaires accrochés à leur bureau après qu'on eut cassé leur téléphone pour que rien ne filtre. La question du surmenage est ici écartée d'un tournemain lorsque les salariés se syndiquent, non pas pour travailler mieux, mais pour gagner plus, validant ainsi une culture du «crunch» dénoncée comme un mal endémique du secteur. Terrible impression d'assister à une opération de désinformation, d'autant plus terrifiante que le géant Ubisoft en est le joyeux producteur.