Le palmarès de la compétition officielle de la soixante-treizième édition du Festival de Cannes aurait dû être divulgué ce samedi, peu avant 20 heures. Mais il n'y aura pas de palmarès. Le plus grand festival du monde avec sa fameuse montée des marches, que devait présider Spike Lee cette année, n'a pas eu lieu en raison de la pandémie. Thierry Frémaux, le délégué général, doit annoncer fin juin une sélection de nouveaux films qui bénéficieront d'un label Cannes, inédit. Libération a demandé à d'anciens jurés cannois de raconter quels souvenirs ils ont gardés de ces quinze jours passés aux premières loges dans la bulle cinéphile, et tout particulièrement à l'heure cruciale des tractations et tensions quand il leur fallait délibérer et distribuer les récompenses tant convoitées.
Maria de Medeiros, comédienne et cinéastePalme d’or : «4 Mois, 3 Semaines, 2 Jours» de Cristian Mungiu (2007)
La première fois que je suis allée à Cannes, j'étais la jeune actrice de Pulp Fiction, le film a reçu la palme d'or en 1994, et j'étais repartie en pleurs, complètement effondrée. Ce n'est pas que je m'étais fait particulièrement agresser mais, à l'époque, toutes les jeunes actrices étaient perçues comme de la chair à canon. «Elle est baisable ? Elle n'est pas baisable ?» Beaucoup de vieux vicelards venaient y faire leur marché. La condescendance était de mise, on nous parlait comme à des petites idiotes. Quand on revient à Cannes en tant que réalisatrice, ce dont j'ai eu la chance avec Capitaines d'avril dans la sélection Un certain regard, c'est déjà beaucoup plus agréable.