Malgré un titre quelque peu hors sujet, surfant sur la vague des jamesbonderies en vogue - Opération Tonnerre (1965) pour n'en citer qu'une -, Opération Peur (1966), film maudit tant ses conditions de production et de distribution furent désastreuses, est sans doute l'un des chefs-d'œuvre de Mario Bava, creusant un macabre gothique d'inspiration Hammer, un genre que ce prince du cinéma d'horreur avait été le premier à importer en Italie, quelques années auparavant avec le Masque du démon (1960). Operazione Paura livre même la formule la plus chimiquement pure de son art : ambiance funèbre, décors expressionnistes diaprés de couleurs irréelles, cadre conçu comme un espace mental, se faisant le prolongement d'une psyché torturée et malade, exaltation de l'illusion et autres pièges optiques, monde circulaire et onirique, voire cauchemardesque, où l'espace et le temps, comme dans un trou noir, suivent leurs propres règles autonomes, à rebours de tout principe de réalité, présence obsédante de poupées et de pantins, plus vivants encore que la figure humaine dont ils semblent être une projection dégénérée, déluge d'images - pulsions et regards hallucinés, ici celui d'une petite fille morte poussant au suicide ceux auxquels elle apparaît.
Post-mortem. Sur un scénario original de Romano Migliorini et Roberto Natale, qui à l'origine totalisait à peine une trentaine de pages et que Bava étoffera au tournage, impr