Présenté en 2019 à la Mostra de Venise, le Domaine était alors un long métrage de près de trois heures. Il arrive en France sous la forme d'une mini-série en trois épisodes, suivant un découpage sans douleur autour des trois âges qui scandent les états d'une famille de propriétaires terriens, au Portugal, du début des années 70 au tournant du siècle. La cohabitation avec le pouvoir dictatorial de l'Estado Novo, la révolution des Œillets et les velléités collectivistes des communistes, puis celles des créanciers une fois le pays entré de plain-pied dans l'Europe néolibérale.
Après un prélude en guise de sympathique leçon de vie où un père exhibe un pendu à son jeune fils pour lui mettre dans le crâne que «quand on est mort, on est mort», la série débute en 1973 lorsque ledit gamin est devenu un homme et a pris la tête de l'immense hacienda familiale. João Fernandes y reçoit, tel un suzerain omnipotent et indifférent, les petits émissaires du gouvernement Caetano venu lui arracher un soutien public à la sale guerre coloniale en Angola léguée par Salazar. Le notable les envoie paître, refusant de mettre un pied dans les débats politiques, quitte à s'attirer le courroux de Lisbonne.
Franchement réussie même si engoncée dans un certain classicisme, la première moitié du Domaine se donne à voir comme un western. A elle seule, l'image de ces fonctionnaires endimanchés littéralement embourbés dans une terre sur laquelle ils n'ont aucune autorité annonce l'im