«Ces recettes existent depuis des siècles, mais elles ont dû changer à travers le temps, car il est quasiment impossible de trouver des écrits, elles sont transmises oralement.»
La photographe germano-marocaine Btihal Remli explique ainsi la tradition populaire qui entoure les formules de djinns, esprits surnaturels issus d’un feu sans fumée que l’on peut croiser dans le Coran. Invisibles pour l’œil humain, ils apparaissent aux sorcières qui entourent leurs yeux d’un mélange de khôl et de pupille de chat découpée. Lors de sa visite au village du roi des djinns, Sidi Chamharouch, dans le Haut Atlas marocain, l’artiste a vu ces chats sans yeux ou sans museau. C’est ainsi qu’elle s’est intéressée au sujet et a débuté ses «Djinn Diaries».
Concoctées pour trouver l’amour, empêcher un divorce ou simplement pour gagner un peu de liberté dans leur vie quotidienne, ces recettes sont utilisées en cachette par les femmes marocaines. Afin de préserver leur anonymat, Btihal Remli a préféré photographier les ingrédients nécessaires à leurs décoctions. En dehors des quelques éléments simples à trouver, dans la nature ou le commerce, il faut savoir précisément ce que l’on veut pour faire appel aux herboristes, qui fournissent les ingrédients moins grand public. Une mystérieuse affaire de connaissances et de confiance mutuelles.