Il nous prévient :
«On commence en français et si je n’y arrive pas, on continue en anglais ?»
La discussion se déroulera exclusivement en français. Quentin Blake le parle parfaitement, avec un accent délicieux. A bientôt 88 ans, le célèbre illustrateur britannique, connu pour sa collaboration avec Roald Dahl, dessine toujours, chaque jour, et fourmille de projets. Il expose à Paris ses dessins délicats et a confié à
Libération
son très ancien amour pour la France, son goût de l’expérimentation et aussi la libération que représente pour lui le grand âge.
«Je peux faire ce que je veux. Plus jeune, j’avais le devoir d’être heureux.»
Vous exposez à la galerie Martine Gossieaux à Paris, où Sempé est exposé tous les ans. On a souvent dit que vos styles se ressemblent. Vous le connaissez ?
Nous nous sommes rencontrés, une seule fois je crois. Je suis très heureux qu’on parle de similitudes, même si nos manières de dessiner sont, en fait, tout à fait différentes, mais je crois que nous partageons un peu le même esprit. Nous glissons toujours un peu d’humour dans nos dessins. En fait, plus que de l’humour, c’est plutôt une touche d’optimisme.
D’où vous vient cet intérêt pour la France ?
Jeune homme, le dessin français a été très important pour moi. Honoré Daumier est un héros de mon enfance et de mon adolescence. A l'âge de 16 ans, j'ai acheté un livre de lithographies de Daumier. Ma mère me disait : «Es-tu sûr ? Ça coûte 2 guinées, c'est cher !» Je l'ai encore. J'étais aussi très intéressé par les journaux de la fin du XIXe siècle. Le dessin anglais était assez bon, mais pour moi, moins intéressant. La tradition de la lithographie n'exista