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La vie en doses

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Du «Survivant» à «l’Armée des 12 singes», le cinéma regorge de films où la quête d’un vaccin, souvent incarnée pas un chercheur-sauveur de l’humanité, est la source inépuisable de scénarios plus ou moins anxiogènes.
«Contagion» de Steven Soderbergh, en 2011. ( Photo 12. Warner Bros)
publié le 22 janvier 2021 à 17h06

La lenteur de la campagne de vaccination contre le Covid-19 aura au moins eu pour effet d’assourdir le discours des antivax et la défiance, particulièrement aiguë en France, à l’égard de ce geste clé de la médecine préventive. Pour autant, les réticences qu’elle inspire encore laissent émerger une dissonance plurielle, qui s’inscrit au mieux dans un réflexe de prudence scientifique, une vigilance scrupuleuse au nom du principe de précaution, mais surtout dans un rejet plus profond de la gestion biopolitique de la crise sanitaire. Sans oublier la critique des Big Pharma réduisant la course aux vaccins à une stratégie de domination des grands laboratoires pharmaceutiques, prêts à tout pour s’enrichir, jusqu’aux thèses complotistes les plus farfelues et paranoïaques.

Incarnation. On pourrait aussi percevoir dans ce rejet l'effet pervers d'une situation dont les paradigmes inédits ont définitivement fait basculer le réel dans un désir de fiction apocalyptique, au point de préférer, pour les plus réfractaires au vaccin, l'enlisement d'une épidémie à l'unique espoir d'en sortir. C'est une hyperbole, évidemment. Mais on remarquera tout de même que si le cinéma aura particulièrement souffert de cette crise sanitaire, il lui aura aussi largement servi de modèle et lancé de troublants échos. En témoigne le regain d'intérêt qu'a suscité Contagion (2011) de Steven Soderbergh, l'un des films les plus téléchargés en 2020, notamment à cause des