Mercredi, 9 heures Comme dans une pièce de Shakespeare, le procès intenté à Charlie Hebdo débute par un intermède comique. Avant d'aborder le fond de l'affaire, il s'agit d'examiner la recevabilité des plaintes déposées par des «clowns», comme les appelle un avocat, de ces «habitués des tribunaux» qui engagent des procédures par jeu ou désir de publicité. Germain Gaiffe est l'un d'eux. Il s'extrait régulièrement de la maison d'arrêt où il purge une peine de trente ans de réclusion en se constituant partie civile. Presque un personnage de Charlie avec son physique à la professeur Choron. Il déclare parler au nom de ses compagnons détenus choqués par des caricatures qu'ils n'ont jamais vues, l'hebdomadaire satirique n'étant pas consultable en prison.
A 10 heures, commence l'interrogatoire de Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo. Ses dessinateurs, Cabu, Tignous, Riss, Catherine, etc., se tiennent en embuscade avec leurs crayons. Ses avocats ont mobilisé une armée de témoins prestigieux. Bien décidé à transformer ce procès en un combat de la Raison contre les Ténèbres, le prévenu se fait accusateur. Il invoque Spinoza, Descartes. En reproduisant ces illustrations, il voulait manifester sa «solidarité» avec le directeur de France Soir, qui venait d'être limogé pour avoir commis ce même pêché, mais aussi lutter contre l'intégrisme. «L'islam politique est pour moi quelque chose qui doit être critiqué.» Si les caricatures