Ian Paisley, le prédicateur
A 80 ans, le «Dr No» de l'Irlande du Nord a-t-il enfin dit oui ? Pendant quatre décennies, ce pasteur protestant a incarné le refus de tout compromis avec la minorité catholique. Durant tout ce temps, il n'a cessé d'attiser les braises du sectarisme avec ses sermons enflammés ponctués d'alléluias. Ce fils de prédicateur baptiste est un «fou de Dieu et de la reine». Un fondamentaliste, tout droit sorti des guerres de Religion, qui ne boit pas et ne fume pas, qui traite l'Eglise romaine de «grande putain de Babylone» et voue ses serviteurs à l'enfer. «Antéchrist !» hurle un jour ce député européen à Jean Paul II, invité à la tribune du Parlement de Strasbourg. Jugeant l'establishment protestant trop conciliant avec les catholiques, il fonde sa propre chapelle, l'Eglise presbytérienne libre d'Ulster, en 1951, puis son parti, le DUP, vingt ans plus tard. Les pavés disputés de Belfast ou de Derry tiennent lieu de chaire à ce clergyman au col amidonné. Avec son mètre quatre-vingt-quinze, ses mouvements de maxillaires, ses accents de prophète et ses mains immenses dressées vers le ciel, il électrise les couches populaires protestantes qui se sentent abandonnées par leurs élites.
Le verbe du croisé
Ian Paisley refusait jusque-là de se tenir dans la même pièce qu'un nationaliste irlandais. «Je ne m'assiérai jamais aux côtés de Gerry Adams... Il est assis avec le diable», affirmait-il en 1997. Les républicains ne sont à ses yeux que des