L'intransigeance affichée par Moscou dans son refus de toute indépendance kosovare ne s'explique pas seulement par la solidarité historique avec la petite Serbie slave et orthodoxe. Les autorités russes craignent qu'un tel précédent n'encourage ce qui reste de la guérilla indépendantiste en Tchétchénie. Leur contre-attaque est de faire monter les enchères. «La solution retenue pour le Kosovo doit avoir une application universelle», a plusieurs fois mis en garde Vladimir Poutine. «Si le Kosovo accède à l'indépendance, d'autres peuples vivant dans des régions non reconnues nous demanderont : "Ne méritons-nous pas nous aussi la même chose ?"», a insisté Sergueï Ivanov, son ministre de la Défense. En clair, Moscou pourrait, en rétorsion, encourager l'indépendance de petits territoires au statut bancal, de ces Républiques autoproclamées qu'elle tient à bout de bras pour faire pression sur certains des Etats issus de son défunt empire. Ainsi la Transnistrie, créée par l'ex-Armée rouge entre l'Ukraine et la Moldavie, ou l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, qui ont fait sécession l'arme poing avec l'aide russe de la Géorgie. Il y a aussi le Haut-Karabakh, enclave peuplée d'Arméniens en Azerbaïdjan et conquise par l'Arménie alliée de la Russie. La Chine est tout aussi ferme sur le dossier Kosovo et pour les mêmes raisons, inquiète pour sa mainmise sur le Tibet mais aussi d'une possible reconnaissance par la communauté internationale d'une future i
La grande peur d'un précédent
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par Marc Semo
publié le 7 juin 2007 à 8h10
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