Gloucester
envoyée spéciale
Sous le plancher, l'eau croupit, nauséabonde. Linda soulève une latte humide et fait descendre dans le sous-sol une tige de métal, relique d'un haltère. Un mètre d'eau jusqu'aux fondations. Lundi encore, précise-t-elle, dix centimètres de liquide jaunâtre envahissaient le salon de cette grande bâtisse surélevée. Les appareils électriques trônent partout sur les meubles ; vêtements et bouquins s'étalent sur les lits en piles instables. Au 6 Western Terrace vivent trois générations de la famille Armishaw : le grand-père, la grand-mère dans son fauteuil roulant, la mère, Linda, et son compagnon, leur fils et sa petite amie, sans compter les huit chiens, les deux chats et le lapin. Tous sont entassés aux premier et deuxième étages de leur maison depuis que la Severn s'est déversée, dimanche, dans les rues de ce quartier populaire de Gloucester.
Dévastatrices. Ce n'est pas la première fois. En 2000 déjà, la rivière avait quitté son lit au même endroit. Si bien que Tony Blair, en tournée d'empathie, était venu serrer la main des habitants. En 1947, le quartier avait déjà subi des inondations dévastatrices, les plus violentes de l'histoire de l'Angleterre. «Dans cette zone inondable, les prix des assurances ont grimpé à chaque débordement de la Severn, confie une habitante. Alors beaucoup de gens ne sont pas couverts. Aujourd'hui, ils n'ont plus rien.» Ici, une voiture plane, dans l'eau jusqu'au pare-brise. Ailleurs, un