Peut-être que XIII, c'est l'histoire de la poule et de l'oeuf (d'or). La série de Vance et Van Hamme repose en effet sur la question «qui suis-je ?», partagée par un peu de monde sur cette terre, on en conviendra. Sauf que ce n'est pas si simple. Dans XIII, le personnage nommé XIII enquête sur son identité. Et nous, à travers sa recherche, jouissons du désir de savoir. Mais aussi de la frustration asymptotique de ne pas savoir, éternellement reconduite au prochain épisode. Les deux derniers tomes qui paraissent aujourd'hui sont très attendus puisqu'on va y dévoiler l'identité de XIII (de fait, il ne restait plus que deux possibilités), mais on imagine aussi la tristesse des fans qui voient s'achever vingt-trois ans d'une lente montée du plaisir rythmée par les va-et-vient incessants de l'intrigue.
Poule et oeuf, car c'est l'origine qui est en question. Non que la recherche du papa, de Dieu ou de ses propres fondations soit d'une grande nouveauté littéraire. Mais XIII, par ses involutions constantes, en multipliant les coups de théâtre telle une telenovela sans amortisseurs, péripétant en moyenne une fois par page, promet un final en forme de coquille d'escargot, poule et oeuf se retrouvant comme les deux faces d'un même doigt de gant, Dieu le fils et le père en pleine fusion ontologique. C'est aussi pourquoi XIII se passe en Amérique, pays du complot et de l'origine perdue, façon X-Files. Là-bas, on est toujours sûr de remonter jusqu'au président d