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Libération

Députés cloîtrés au coeur de Beyrouth

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Après l’assassinat de six de leurs collègues, une quarantaine d’élus libanais antisyriens se sont réfugiés à l’hôtel Phoenicia. Isolés du reste du pays et de leur famille, ils devraient quitter leur prison dorée après la présidentielle de dimanche. Sans garantie de sécurité. «Libération» a passé une journée avec deux d’entre eux.
publié le 22 novembre 2007 à 1h37

L'ironie la plus noire, c'est l'arme du député Waël Bou Faour pour réconforter ses collègues lorsqu'ils dépriment : «C'est simple, c'est soit ça, soit le cimetière.» Ça, c'est le Phoenicia, l'un des hôtels les plus luxueux de Beyrouth, près de la corniche et de la mer. Une quarantaine de députés vivent depuis deux mois dans ce qu'ils appellent leur «prison dorée». Depuis l'assassinat, le 19 septembre, d'Antoine Ghanem, le sixième député tué en moins de deux ans. Tous étaient membres de la majorité au Parlement. Tous antisyriens.

Ce dernier assassinat a prouvé une fois de plus que les députés avaient peu de chances d'échapper aux sicaires. Lorsqu'il a été tué par une explosion - qui a tué cinq autres personnes -, Ghanem était rentré depuis à peine quarante-huit heures d'Abou Dhabi où il se cachait. Gebrane Tuéni, le premier député assassiné et patron du grand quotidien libéral An-Nahar, a été éliminé le lendemain de son arrivée à Beyrouth, en provenance de Paris. Pourtant, il n'avait prévenu personne qu'il se rendait à son journal. Cela n'a pas empêché l'attentat d'être imparable et d'une violence extrême. Ce qui fait dire aux députés qu'ils sont la cible d'un terrorisme d'Etat. Ils l'imputent à la Syrie. Damas, évidemment, dément.

La solution retenue pour leur sécurité fut d'enfermer les 68 députés (sur 127) de la majorité au Phoenicia. Aux frais de Saad Hariri, le chef de la majorité parlementaire et fils de l'ex-Premier ministre assassiné. Une bonne quar