Un homme gémit, se tient la tête dans les mains. Des femmes pleurent tout autour de lui, tandis qu'une foule invective un commandant de police qui se tient devant des troupes barrant le passage. A quelques mètres, un jeune homme gît au sol, le corps raide, le bras encore levé. «La police a tiré des grenades lacrymogènes, un fil électrique est tombé et il est mort, explique Linus Odanga, oncle du défunt et pasteur du bidonville de Mathare. Nous essayions juste de nous rendre au parc Uhuru, sans armes, pacifiquement, et la police nous tire dessus !» Lundi, le président sortant, Mwai Kibaki (qui appartient à l'ethnie la plus importante du pays, à 22 %, les Kikuyus), avait annoncé sa victoire à l'élection du 27 décembre. Deux jours plus tôt déjà, son principal opposant, Raila Odinga (de l'ethnie des Luos, la troisième du pays, 12 % de la population), qui a été battu par moins de 300 000 voix d'écart, contestait les résultats d'un scrutin émaillé de fraudes. Depuis le 27 décembre, les affrontements ont fait, selon le bilan officiel établi hier soir, 346 morts.
Kalachnikov. Hier, la marche pacifique programmée par les partisans d'Odinga n'a pas pu avoir lieu tant le dispositif policier était impressionnant. A chaque carrefour, les forces spéciales de la police, la GSU (General Service Unit), ont dressé des barrages pour empêcher les véhicules de circuler, notamment dans le centre-ville, et ont quadrillé tous les bidonvilles de la capitale.
Dans celui de Kibera, des c