A partir de ce samedi, Libération publiera tous les week-ends, pendant plusieurs semaines, une photo envoyée par Nicolas Mingasson, parti pour nous dans la partie russe de l'Arctique à la rencontre de ces populations touchées par le changement climatique. Il nous raconte ce projet, baptisé «Sentinelles de l'Arctique».
Pourquoi là-bas ?
J'ai beaucoup travaillé dans ces régions et c'est en vivant avec ces populations très diverses que j'ai vu, année après année, les choses changer. A une époque, j'y ai monté des expéditions pour des scientifiques ou des aventuriers. Et le déclic a été un vol en hélicoptère au-dessus du cap Arktichevsky, lieu de départ des expéditions de ski qui rejoignent le pôle Nord à partir de la Russie. Les premiers temps, on déposait les gens sur le cap. Ensuite, il y a eu une période intermédiaire où, parfois, la banquise n'était pas là. Les dernières années, elle n'était quasiment plus jamais là. En six ans, entre 1997 et 2002, on a dû, peu à peu, déposer nos «clients» à 40 kilomètres plus au nord, car la banquise filait. Tout à-coup, j'ai raccordé ce que je voyais avec ce que j'entendais sur le changement climatique depuis des années. Là, c'est pareil. Je vais voir des gens qui sont au coeur du réchauffement de la planète mais qui n'en ont pas conscience.
Comment travaille-t-on en Russie ?
C'est très compliqué. Mais le Grand Nord est préservé, car c'est une région fermée. Dans certains coins, il faut des autorisations délivrées par le FSB [s<