Envoyée spéciale dans le Qinghai. La petite route mène à Hongya, village tibétain perdu dans la montagne du Qinghai. Une voiture de police est garée devant un pont, à quelques kilomètres. Interdiction d'aller plus loin : «On n'est pas autorisés à dire pourquoi», rapporte le fonctionnaire en civil. Il ne s'est pourtant rien passé à Hongya ces derniers jours. Il ne s'y est même rien passé depuis soixante-douze ans, lorsque naquit ici Tenzing Gyatso, XIVe dalaï-lama et futur prix Nobel de la paix 1989. Cela suffit à faire du village de Hongya une destination «dangereuse». Les policiers sont chargés d'assurer «la sécurité des visiteurs étrangers». Ils sont aimables, et intraitables.
A Pékin, le ministère de l'information est submergé de protestations. «Impossible de travailler», se plaignent les journalistes occidentaux. Ceux qui passent par les voies officielles pour se rendre à Lhassa s'entendent répondre, comme une équipe de France 2, que «le fax ne marche pas». Ceux qui prennent la route pour les provinces autorisées n'arrivent pas à destination. Dans toute la zone tibétaine, ils se font refouler. Toujours pour des «raisons de sécurité», malgré les déclarations du gouvernement central sur «le retour à l'ordre et à la paix sociale dans le pays».
Dans la province du Gansu (nord-ouest), où ont eu lieu des émeutes jeudi et vendredi, des check-points sont érigés tous les dix kilomètres. La police arrête les voitures, contrôle les pa