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Trichet-Gallois, Les deux faces de l'euro fort

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Le gouverneur de la BCE fête les dix ans de l'institution quand le niveau de la monnaie européenne donne des sueurs froides au patron d'Airbus. Deux approches antagonistes de la politique monétaire actuelle s'expriment : facteur de stabilité pour l'un ; frein à la compétitivité pour l'autre.
publié le 2 juin 2008 à 3h43

Aujourd'hui, à Francfort, la Banque centrale européenne (BCE), présidée par le Français Jean-Claude Trichet depuis 2003, va fêter solennellement ses dix ans en recevant dans ses locaux les ministres des Finances de la zone euro pour leur réunion mensuelle. Pour la première fois, ce n'est pas Trichet qui va à l'Eurogroupe (il en est membre de droit), c'est l'Eurogroupe qui vient à Trichet, tout un symbole.

Amortisseur. Longtemps décriée (principalement en France), la politique monétaire de la BCE est aujourd'hui saluée par presque tous les économistes : l'euro s'est révélé non seulement comme un redoutable rempart contre la crise financière américaine (la croissance de la zone euro fait mieux que résister), mais surtout un très utile amortisseur des pressions inflationnistes mondiales (prix de l'énergie et de l'alimentaire). Voilà pour le côté pile de la pièce.

Mais il y a aussi un côté face, où serait dessiné Airbus, l'autre icône de la construction européenne, frappée elle de plein fouet par l'envolée de la monnaie européenne. Depuis plusieurs semaines, Louis Gallois, le président d'EADS, la maison mère de l'avionneur, se répand partout pour expliquer qu'avec une telle parité euro-dollar, son groupe n'a plus les moyens de rivaliser avec son ennemi de toujours, Boeing. Résulat : la filière aéronautique européenne se dit dans l'obligation de procéder à des délocalisations massives dans des pays à bas coûts et - ou - en zone dollar pour se donner de l'air.

Après des débuts tâtonn