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Libération

Affrontement sur la légalisation des mères porteuses

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Des sénateurs ont proposé hier la légalisation de la gestation pour autrui. «Libération» a interviewé Elisabeth Badinter et Sylviane Agacinski, qui s'opposent sur cette question.
publié le 26 juin 2008 à 4h02

Bientôt, en France, un couple dont la femme ne peut porter un enfant parce qu'elle n'a pas d'utérus pourra faire appel à une gestatrice et avoir un bébé en toute légalité. Ce n'est pas pour après-demain. Mais grâce à certains sénateurs, ce n'est plus un scénario de pure fiction. Hier, un groupe de travail présidé par la socialiste Michèle André et dont les deux rapporteurs sont UMP a proposé la légalisation et l'encadrement de la gestation pour autrui (GPA) en France. Après six mois d'auditions et un voyage en Grande Bretagne (où la pratique est légale), ils préconisent que la GPA soit autorisée «en tant qu'instrument au service de la lutte contre l'infertilité». Mais ils se refusent «à accorder à tout individu ayant un projet parental un droit à l'enfant, porteur de dérives».

Au Sénat, drôle d'ambiance dans la salle. Des parents d'enfants nés grâce au concours d'une mère porteuse, souvent en Californie, où c'est autorisé, vivent ce moment comme «un tournant». Comme les époux Mennesson, longtemps poursuivis par la justice française et dont l'histoire est à l'origine du groupe de travail. Eux comme d'autres entendent de la bouche des parlementaires que les enfants nés de cette manière, les leurs, pourraient bénéficier d'une régularisation de leur état civil et de leur filiation. Des sénateurs UMP catholiques, accablés par les conclusions du rapport, soufflent et soupirent bruyamment. «Parlez au conditionnel», supplie l'un d'eux en visant un rapporte