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Libération

La favela droit dans les yeux

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L'artiste JR intervient dans un quartier déshérité de Rio.
publié le 19 août 2008 à 4h39

Morro da Providencia est réputée être une des favelas les plus dangereuses de Rio de Janeiro. Mais si elle passe actuellement sur les télés, ce n'est pas pour évoquer les affrontements entre narcotrafiquants et militaires dont elle est régulièrement le théâtre, mais pour présenter le travail de l'artiste français JR.

Pour rendre hommage à celles qui occupent un rôle essentiel dans les sociétés et qui sont les principales victimes des violences, JR a habillé l'extérieur de la favela d'immenses photos de visages et de regards de femmes, donnant une identité à la colline et à ceux qui l'habitent (1). «C'est un projet fait de bric et de broc, comme la favela elle-même, commente JR. On s'est adapté à cet univers où les murs des maisons sont en plastique et les revolvers des enfants en acier. On s'est débrouillé malgré les rues en pente, les maisons chancelantes, les câbles électriques imprévisibles et les échanges de tirs qui traversent parfois plusieurs maisons.»

JR a l'habitude des projets artistiques réalisés sans autorisation. Avec sa bande de potes, armé d'un objectif 28 mm, il a déjà réalisé Portrait d'une génération (2006) dans les banlieues parisiennes, et Face 2 Face (2007) au Proche-Orient, en montrant que l'art peut trouver sa place partout. Dernièrement, dans le cadre du projet Women, il a habillé des ponts brisés et des maisons détruites en Afrique avec des portraits de femmes violées ou torturées.

«Les habitants ont kiffé le projet, p