Le photojournalisme n'est pas mort, et Visa célèbre sa 20e édition. On ne l'aurait pas parié. La vidéo, le numérique, Internet, la crise de la presse écrite, tout ça. Le photoreportage n'est pas mort car sa capacité à arrêter le temps, à s'attacher à un détail qui résume toute une situation, reste infiniment précieuse. On le constatera à nouveau cette année avec les reportages de Philip Blenkinsop en Chine, Stanley Greene dans le Caucase, Yuri Kozyrev en Irak, Paula Bronstein en Afghanistan, Noël Quidu au Népal, pour ne citer que quelques-unes des expositions présentées à Perpignan. Des rétrospectives seront consacrées à Alexandra Boulat, David Douglas Duncan, Horst Faas, Göksin Sipahioglu. Pour fêter cette édition un peu particulière, nous avons demandé à Jean-François Leroy, créateur et directeur du festival, de choisir et commenter trois photos qui l'ont particulièrement marqué ces vingt dernières années.
DAVID DOUGLAS DUNCAN Guerre de Corée, 1950. «Je vis avec cette image, j’en ai un tirage chez moi. C’était à l’aube, il faisait froid. Duncan a demandé à ce marine ce qu’il souhaitait plus que tout, à cet instant précis. Il a répondu: Give me tomorrow.Pour moi, cette image illustre parfaitement l’absurdité de la guerre: ce mélange de tristesse et de désespoir, cette humanité, cette incompréhension. Même s’il a toujours travaillé très près des combats, David Douglas Duncan n’a jamais montré le visage d’un blessé ou d’un mort. Son regard singulier sur la guerre de Corée a