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Libération

Paire de scandale

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Jean Peyrelevade : Ancien directeur de cabinet de Pierre Mauroy à Matignon, ancien PDG de l’UAP puis du Crédit lyonnais. Actuel membre du Modem et conseiller de François Bayrou. Bernard Tapie : Ancien repreneur d’entreprises en faillite, ministre de la Ville sous Bérégovoy, aujourd’hui proche de la Sarkozie.
publié le 10 septembre 2008 à 4h56

La Commission des finances de l'Assemblée nationale auditionne aujourd'hui Jean Peyrelevade (ancien président du Crédit lyonnais) et Bernard Tapie (ancien client préféré de la banque). Ultime passe d'arme entre deux ennemis irréductibles, sur fond de sentence arbitrale qui, cet été, a accordé au second une indemnité record de 395 millions d'euros. Avec cet attendu saignant : «La banque a exécuté son client [.], usé de tout moyen pour le discréditer.» Le banquier, c'est Peyrelevade ; le client, Tapie. Toujours prêts à en découdre.

L'un et l'autre ne sont pourtant plus des adversaires directs. Jean Peyrelevade n'est plus président du Crédit lyonnais, entre-temps avalé par le Crédit agricole, et les multiples contentieux de l'ex-banque nationalisée (au-delà du cas Tapie) sont aux mains du Consortium de réalisation (CDR), organisme public. Bernard Tapie n'est plus homme d'affaires : en faillite depuis 1994, il est représenté par ses liquidateurs judiciaires. Mais ils sont les principaux acteurs du drame.

L'essentiel de l'indemnité de 395 millions restera dans la poche de l'Etat, en compensation d'anciennes ardoises bancaires et fiscales. L'enjeu porte sur le solde net. Le député Charles de Courson (ex-UDF passé Nouveau centre) l'évalue entre 106 et 144 millions d'euros, Bernard Tapie l'estime entre 30 et 40 millions. C'est énorme, mais rien à côté de la plus-value autrefois encaissée par le Lyonnais lors de la revente d'Adidas (300 millions, selon nos estimations minimales)