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Libération
Reportage

A Goma, en République démocratique du Congo : «Comment peut-on faire le deuil alors que nous n’avons même pas de corps ?»

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Trois semaines après la prise de la capitale provinciale du Nord-Kivu par les rebelles du M23, le lourd bilan de leur bataille contre les troupes congolaises se fait jour. Présents lors de l’incendie de la prison de Munzenze, qui a fait plus de 150 morts, des témoins racontent la terreur.
Le quartier des femmes de la prison centrale de Munzenze à Goma, incendié le 26 janvier lors de l'offensive du M23 sur la ville. (Paloma Laudet/Item)
par Patricia Huon, Envoyée spéciale à Goma (république démocratique du Congo)
publié le 12 février 2025 à 15h54

«Il y a des images et, surtout, des sons qui me reviennent sans cesse. Les cris, les pleurs, les coups de feu… Je ne dors plus», témoigne Amina Issa. Les yeux rougis, elle porte un foulard noir sur la tête, en signe de deuil. A 17 ans, la tristesse a vieilli ses traits juvéniles. A la douleur d’avoir perdu sa meilleure amie, s’ajoute le désarroi de l’absence de son corps. L’impossibilité d’un dernier adieu. Dans la cour de la maison familiale à Goma, où se tient une petite cérémonie, Asiati, 16 ans, est représentée par une photo : une jeune fille souriante, pantalon baggy et chemise à carreaux, sac d’école à la main. L’une des 3 000 personnes qui, selon les Nations unies, ont perdu la vie lors de la récente bataille pour le contrôle de Goma, dans l’est de la république démocratique du Congo.

«Effacer les traces»

Le dimanche 26 janvier, alors que les troupes du M23, soutenu par le Rwanda, ont lancé une offensive sur