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Libération
Reportage

A Mossoul, vitrine irakienne fêlée de la victoire contre Daech

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La bataille de Mossouldossier
La capitale du califat instauré par Abou Bakr al-Baghdadi en 2014 garde les stigmates de la violence de la guerre civile et de la coalition internationale.
Nettoyage de bâtiments dans le centre du vieux Mossoul avant la visite de Macron, le 28 août. (Zaid Al-Obeidi/AFP)
publié le 5 septembre 2021 à 10h55

A peine franchi le Tigre pour rejoindre la rive droite de Mossoul, la désolation saisit. Bâtiments décapités vomissant leurs pierres, maisons fendues aux balcons écroulés et aux fenêtres nues, trous d’obus dans les devantures… Les stigmates d’une campagne de bombardements aériens massifs et de combats de rue ne trompent pas. La partie ouest de la ville est en mille-feuille, rappelant la partie rebelle d’Alep en Syrie, soumise pendant des années aux raids de l’aviation du régime et des Russes. Le tableau est d’autant plus bouleversant que c’est la vieille ville de Mossoul, au passé glorieux, qui a été écrasée par les frappes de la coalition internationale antiterroriste et les explosions d’engins lancés par les jihadistes, pendant plusieurs mois, jusqu’à l’été 2017. Quatre ans après la libération de la deuxième ville d’Irak, 1,6 million d’habitants, de l’emprise des jihadistes de l’Etat islamique, au début de l’été 2017, les destructions restent nettement plus visibles que les projets de reconstruction vantés internationalement.

Devant l’échafaudage de bois épais monté en croisillons autour d’une colonne d’une dizaine de mètres, on peine à se souvenir, ou à imaginer, que c’est là que débuta le règne, court mais féroce, d’un calife anachronique. C’était le 4 juillet 2014 : hissé en haut du minbar de la mosquée Al-Nouri de Mossoul, Abou Bakr al-Baghdadi faisait sa première et seule apparition aux yeux du monde médusé. En robe, turban et barbe noirs, le puissant chef de l’