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Accusé de tentative de corruption par José Bové, le Premier ministre marocain saisit la justice française

Aziz Akhannouch, alors ministre de l’agriculture, est mis en cause par l’ancien député écologiste pour des faits remontant aux années 2009-2014, en marge de négociations pour un accord commercial.
Alors député européen José Bové participe au vote d'une résolution concernant un accord entre l'UE et le Maroc sur des mesures de libéralisation réciproque des produits agricoles et de la pêche le 16 février 2012 au Parlement européen à Strasbourg. (Frédérick Florin/AFP)
publié le 21 décembre 2022 à 12h09

Le Premier ministre du Maroc, Aziz Akhannouch, a déposé une plainte en diffamation mardi à Paris contre l’ancien député européen écologiste français José Bové. En cause : ce dernier a affirmé que le Royaume avait tenté de le corrompre en marge des négociations d’un accord commercial au début des années 2010.

Interrogé vendredi sur France Inter, José Bové a ainsi relaté que lorsqu’il était rapporteur de la commission du commerce extérieur, «dans les années 2009-2014», il s’était opposé à un accord «nuisible» de libre-échange visant le commerce des fruits et légumes entre l’Union européenne et le Maroc. A cette époque, Aziz Akhannouch était ministre de l’Agriculture du Maroc. Il ne «supportait pas» l’opposition de l’ex-élu européen. «Il m’a proposé de m’amener un cadeau à Montpellier, dans un café qui soit discret», raconte José Bové à l’antenne de France Inter.

«Intérêts économiques»

Était-ce de l’argent ? «Qu’est-ce que voulez-vous que ce soit d’autre ?», a-t-il répondu au journaliste. Selon son récit, il a donné rendez-vous au cabinet de son avocate, et «ça s’est arrêté-là». «Quand il y a des intérêts économiques colossaux qui sont en jeu, ces Etats font pression et certains députés, que je qualifierais de véreux, ont profité de ça», a-t-il ensuite soutenu.

Selon la plainte d’Aziz Akhannouch, consultée par l’AFP, ce sont des «accusations mensongères inadmissibles», qui ne sont «que le reflet d’une vieille rancœur» de José Bové. «Jose Bové essaye visiblement et malhonnêtement de profiter de l’actualité judiciaire concernant le Parlement européen, pour ressortir de vieilles histoires sans fondement», selon son avocat, Me Olivier Baratelli. Les accusations de José Bové interviennent en plein scandale de corruption présumée impliquant le Qatar et le Maroc au Parlement européen et visant notamment la vice-présidente de l’institution, Éva Kaili.