Deux ans après son suicide dans sa cellule du Metropolitan Correctional Center à New York, Jeffrey Epstein continue de hanter les hommes qui l’ont côtoyé. Après le prince Andrew, Bill Clinton ou encore Jean-Luc Brunel, l’affaire de pédocriminalité éclabousse désormais l’Américain Jes Staley, 64 ans, qui vient de démissionner de son poste de PDG de la banque britannique Barclays.
«Barclays et M. Staley, directeur général du groupe, ont été informés vendredi soir des conclusions préliminaires» d’une enquête lancée par les deux principaux régulateurs financiers britanniques, la FCA et la PRA sur ses liens avec Jeffrey Epstein, financier accusé de trafic de mineures à l’international, a indiqué la banque dans un communiqué. «Au vu de ces conclusions et de l’intention de M. Staley de les contester, le conseil d’administration et M. Staley ont convenu qu’il se retirerait de ses fonctions de directeur général du groupe et d’administrateur de Barclays», poursuit la banque britannique. Si ces conclusions ne sont pas encore connues, au vu de la réaction de Staley, elles ne doivent pas plaider en sa faveur.
Ce dernier avait développé une relation d’affaires avec Jeffrey Epstein dans les années 2000, lorsqu’il dirigeait la branche de banque privée de JPMorgan et qui comptait parmi ses clients le financier américain. Il avait précédemment déclaré que son dernier contact avec Epstein avait eu lieu en 2015, soit sept ans après la reconnaissance de la culpabilité de ce dernier par la justice – accusé de recourir aux services de mineures pour des «massages» et des relations sexuelles tarifées dans sa propriété de Palm Beach, Epstein avait plaidé coupable en 2008 dans le cadre d’un accord, longtemps resté confidentiel, passé avec le procureur fédéral de Miami de l’époque, Alexander Acosta.
Epstein, son ancien client de banque
Barclays souligne toutefois que l’enquête «ne fait aucune constatation selon laquelle M. Staley a vu, ou était au courant, de l’un des crimes présumés de M. Epstein». La banque était au courant depuis février 2020 que son patron était visé par cette enquête, ce qui ne l’avait pas empêchée de lui renouveler sa confiance.
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Le conseil d’administration de la banque s’est pour sa part dit «déçu» de cette issue alors que «M. Staley dirige le groupe Barclays avec succès depuis décembre 2015 avec un réel engagement et compétence». Il s’est refusé de «commenter davantage les conclusions préliminaires» de l’enquête alors que la procédure «doit encore suivre son cours». Même son de cloche du côté de la FCA et la PRA, qui ont décidé de «ne pas commenter les enquêtes en cours ou les procédures réglementaires» au-delà de ce qui a déjà été annoncé par l’entreprise.
C.S. Venkatakrishnan, qui était jusqu’ici directeur mondial des marchés du groupe Barclays, prend désormais la tête de la banque.