Les accusations font froid dans le dos. Un couple a été mis en examen début mai à Paris, soupçonné d’avoir participé à des projets d’assassinats commandités par l’Iran et visant des personnes juives en Allemagne et en France, a appris ce samedi 7 septembre l’AFP de sources policière et proche du dossier. Abdelkrim S., 34 ans, et sa compagne Sabrina B., 33 ans, ont été mis en examen le 4 mai pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et placés en détention provisoire.
Leur affaire, dite «Marco Polo» et révélée jeudi par Mediapart, illustre la résurgence en Europe d’un «terrorisme d’Etat iranien», selon une synthèse de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), datant de début mai et dont l’AFP a eu connaissance. «A partir de 2015, les services iraniens ont renoué avec une pratique d’assassinats ciblés», selon la DGSI, qui précise que «la menace s’est encore aggravée […] dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas.»
L'édito de Dov Alfon
Leur objectif : «frapper des personnes cibles civiles» pour «accroître le sentiment d’insécurité au sein de l’opposition» au régime iranien et au sein «de la communauté juive/israélienne». Pour ce faire, l’Iran est ainsi accusé de recruter en Europe des voyous, notamment des narcotrafiquants. Impliqué dans l’affaire «Marco Polo», Abdelkrim S. était déjà connu de la justice : condamné à dix ans d’emprisonnement pour son implication dans la tuerie du tunnel du Prado à Marseille, en novembre 2015, il a été libéré en juillet 2023 sous contrôle judiciaire.
Sept «cibles» identifiées
Ce Franco-Algérien est soupçonné d’être le «principal opérateur» en France d’une «cellule» commanditée par l’Iran qui projetait des actions violentes en Allemagne et dans l’Hexagone. Il aurait été mis en contact avec le «coordinateur» de la cellule par un ancien codétenu. Ce «coordinateur», présenté comme un important trafiquant de drogue de la région lyonnaise, se trouvait probablement en Iran en mai, d’après la synthèse.
Les cibles identifiées à ce stade : un ex-employé d’une société israélienne de sécurité vivant à Paris et trois de ses anciens collègues en région parisienne, ainsi que trois Israélo-Allemands à Munich et à Berlin. Abdelkrim S. est soupçonné d’avoir effectué des voyages outre-Rhin, malgré son contrôle judiciaire, pour faire des repérages, notamment à Berlin en présence de sa femme. Il nie, affirmant avoir seulement voulu faire des achats.
Les enquêteurs imputent aussi à cette cellule quatre incendies d’entreprises situées dans le sud de la France et «appartenant à des ressortissants israéliens», entre fin décembre 2023 et début janvier 2024, selon une source policière.