Cela fait près de deux mois que le ministre afghan de l’Intérieur, Sirajuddin Haqqani, n’est pas venu à Kaboul. Rentré début février d’un séjour aux Emirats arabes unis, il vit depuis à Khost, son fief de l’est du pays, à quatre heures de route de la capitale. «Il a probablement peur d’être arrêté, et on ne peut pas lui donner tort de le penser, explique Antonio Giustozzi, chercheur au Royal United Services Institute et spécialiste du mouvement taliban. Il est plus sage pour lui de ne pas aller à Kaboul en ce moment.»
Sirajuddin Haqqani a l’habitude de la clandestinité. Durant l’intervention américaine et de l’Otan, il était l’un des insurgés les plus recherchés. A la tête du réseau Haqqani, où il a succédé à son père, il était lié à Al-Qaeda et responsable des attentats-suicides les plus sanglants commis à Kaboul et dans les grandes villes du pays. C’est lui, aussi, qui avait eu la garde du sergent américain Bowe Bergdahl, kidnappé en 2009 et relâché cinq ans plus tard en échange de la libération de cinq cadres talibans détenus à Guantanámo.