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Analyse

Afghanistan : entre le ministre et l’émir, la guerre des clans talibans

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Basés à Kandahar, Haibatullah Akhundzada et ses fidèles ­ultra-rigoristes s’opposent de plus en plus aux dignitaires de Kaboul réunis autour du ministre de l’Intérieur, Sirajuddin Haqqani, qui réclament plus d’ouverture dans la gestion du pays.
Le portrait de l’émir Haibatullah Akhundzada sur une affiche dans les rues de Kaboul le 14 août 2023. (Wakil Kohsar/AFP)
publié le 17 mars 2025 à 16h51

Cela fait près de deux mois que le ministre afghan de l’Intérieur, Sirajuddin Haqqani, n’est pas venu à Kaboul. Rentré début février d’un séjour aux Emirats arabes unis, il vit depuis à Khost, son fief de l’est du pays, à quatre heures de route de la capitale. «Il a probablement peur d’être arrêté, et on ne peut pas lui donner tort de le penser, explique Antonio Giustozzi, chercheur au Royal United Services Institute et spécialiste du mouvement taliban. Il est plus sage pour lui de ne pas aller à Kaboul en ce moment.»

Sirajuddin Haqqani a l’habitude de la clandestinité. Durant l’intervention américaine et de l’Otan, il était l’un des insurgés les plus recherchés. A la tête du réseau Haqqani, où il a succédé à son père, il était lié à Al-Qaeda et responsable des attentats-suicides les plus sanglants commis à Kaboul et dans les grandes villes du pays. C’est lui, aussi, qui avait eu la garde du sergent américain Bowe Bergdahl, kidnappé en 2009 et relâché cinq ans plus tard en échange de la libération de cinq cadres talibans détenus à Guantanámo.